Prenons d’abord les manuscrits ou rouleaux de la mer morte. Il s’agit de manuscrits qui furent rédigés entre 250 avant J.C. et 68 après J.C. Ils constituent un ensemble d'environ huit cents textes qui jettent un éclairage direct et nouveau sur la période de naissance du christianisme et de cœxistence avec le judaïsme rabbinique, et, par là, sur ces deux religions elles-mêmes. Ils sont pour la plupart écrits en hébreux et quelques-uns le sont en grec. Ce n’est que petit à petit que le contenu de ces textes est porté à la connaissance du public, soit entre 1955 et 2001, ce qui prouve qu’il y avait des choses embarrassantes dans ces écrits. Un nombre appréciable d’auteurs comme Michael Baigent, Richard Leigh, Herschel Shanks ou Hugh Schonfield ont décrit par le détail les multiples tentatives de dissimulation du Vatican. Car certains de ces textes sont le produit d’une idéologie assez extrémiste et parfois raciste, belliqueuse et élitiste, celle représentée justement par les Zaddikims, qui restent minoritaires au sein de la communauté au sens large des Esséniens. Le contenu des rouleaux est significatif à cet égard. Certes, certains manuscrits contiennent un message pacifique mais d’autres textes comme la « Règle de la guerre » ou « Rouleau de la guerre des Fils de Lumière contre les Fils des Ténèbres » recèlent une vision belliciste dans laquelle le peuple élu de Dieu doit mener une guerre sans pitié contre les étrangers, les fils des Ténèbres.
Ces exégètes ont pu montrer qu’en définitive, l’église catholique romaine puisait ses racines historiques et idéologiques dans cette tendance du judaïsme radical. C’est un aspect que les autorités vaticanes n’ont pas envie de montrer, préférant de loin la version plus « adoucie » des évangiles et textes canoniques du Nouveau Testament. L’ennemi juré de ce groupe des Zaddikims a été désigné dans les rouleaux de la Mer morte sous la dénomination des « enfants de Seth » qui ne sont rien d’autre qu’un groupe appartenant au mouvement gnostique.
Quant aux codex de Nag Hammadi, leur contenu est également gênant pour l’église car il révèle l’existence d’une toute autre forme de spiritualité qui était en concurrence directe avec les Zaddikims et les groupes chrétiens ultérieurs. Ces textes nous décrivent une autre conception du monde et surtout dénoncent le Dieu de l’ancien Testament comme étant un imposteur dément, ce qui est totalement inacceptable pour les autorités ecclésiastiques.
Ce fut le groupe auquel appartenait Irénée et d’autres figures familières aux spécialistes du christianisme des 2ième et 3ième siècle, comme Justin le Martyre ou Tertullien. Ce groupe devint orthodoxe, et, une fois scellée sa victoire sur tous les adversaires, il réécrivit l’histoire de l’engagement, prétendant qu’elle avait toujours été l’opinion majoritaire dans le christianisme, que ses vues avaient toujours été celles des églises apostoliques et des apôtres et que ses credo étaient enracinés dans les enseignements de Jésus. La preuve en était que Mathieu, Marc, Luc et Jean racontaient tous l’histoire comme les proto-orthodoxes s’étaient accoutumés à l’entendre » (Bart D.Ehrman « Le Christianisme mis sans dessus dessous » Flammarion, National Geographic 2006).
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