Le premier réflexe est de prendre cette phrase au pied de la lettre en la sortant totalement de son contexte. Pourtant, on voit que placé lui-même dans de telles circonstances lors de sa comparution devant le grand prêtre, Jésus ne tend pas l’autre joue, mais demande plutôt des explications à ses bourreaux (cf. Mt 26,67 ; Jn 18,22-23). Que faire ? Que dire ?
Jésus se place sur le plan des offenses personnelles. Il n’est pas question de ne pas s’opposer aux injustices. Aussi Jésus prend-il son point de repère dans la loi du talion.
La loi du talion est formulée dans le livre de l’Exode (Ex 21, 24) et dans le Lévitique (Lv 24, 19-20). Cette loi est en réalité une loi de modération afin de mettre fin aux actes excessifs de vengeance. En effet, elle établit une équivalence entre le dommage et la « réparation ». A l’époque de Jésus, la loi du talion ne s’appliquait plus qu’en cas de meurtre, les autres dommages étaient réglés par des actes légaux.
Jésus veut amener ses disciples à sortir de l’esprit légaliste et à se transporter sur un plan moral supérieur, où les gestes de patience et d’amour acquièrent une puissance capable de désarçonner l’adversaire et de le mettre en face de sa conscience.
Il est clair que Jésus invite à aller plus loin que "l’oeil pour oeil, dent pour dent" de l’Ancien Testament. La stratégie non-violente qui consiste à "ne pas riposter au méchant", à ne pas rendre le mal pour le mal (Rm 12,17.21 ; 1 Th 5,15), peut aller jusqu’à poser un geste provocant et désarmant devant le violent. Ici comme ailleurs, Jésus trace une direction ; il ne donne pas de consignes.
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