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 La Bible à l'épreuve de l'archéologie

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florence_yvonne
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florence_yvonne


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MessageSujet: La Bible à l'épreuve de l'archéologie   La Bible à l'épreuve de l'archéologie EmptyMer 27 Juin - 18:18

Sources : Le Point,

Interview d'Israël Finkelstein
En se basant sur la recherche archéologique, « La Bible dévoilée » propose une approche radicalement différente du texte biblique. propos recueillis par danièle kriegel

Le Point : « La Bible dévoilée » : un titre un tantinet provocateur face aux croyants, pour qui la Bible est la vérité révélée...

Israël Finkelstein : Le texte biblique est d'abord un guide de la foi. En ce qui me concerne, il est très important comme fondement de mon identité juive et de la culture occidentale judéo-chrétienne. Cela étant, le mot « dévoilée » prend tout son sens en termes d'archéologie. Jusqu'ici, en effet, la plupart des livres traitant de ce sujet mettaient au premier plan le récit de la Bible et utilisaient l'archéologie comme illustration. Notre position (celle de Neil Asher Silberman et la mienne) est radicalement différente. Elle se fonde sur la recherche archéologique, qui, en exhumant le quotidien de ces populations, permet une reconstitution neutre de l'histoire du Proche-Orient. Notre seconde innovation concerne l'historicité de la Bible. Au contraire des tenants de l'archéologie biblique traditionnelle, nous remettons totalement en question la chronologie biblique. Je m'explique : si on s'appuie sur le système des « séquences » du récit biblique pour étudier l'histoire des Israélites, on part de la période des Patriarches pour arriver au royaume de Juda en passant par l'arrivée en Egypte, puis la sortie d'Egypte, la conquête de la Terre promise (le pays de Canaan), etc. Dans ce cas de figure, tout est donc organisé et expliqué selon la chronologie biblique. Or, avec moi, c'est tout le contraire. Conformément d'ailleurs à la grande école historique française des Annales, je fais une histoire « régressive ». Je vais du plus récent au plus ancien. Je pars d'un point dont je suis certain et, de là, je reconstitue ce qu'il y avait avant. Une fois que j'ai pu vérifier la concordance ou non des fouilles archéologiques, je prends le texte biblique en me posant les questions suivantes : pourquoi ont-ils écrit cela ? Quels étaient leurs objectifs ?

L. P. : Cela ne revient-il pas à créer deux histoires ?

I. F. : Tout à fait ! Prenons l'exemple du roi David. Vous conviendrez qu'il y a une différence entre le David des cathédrales françaises et celui du récit biblique. Dans les cathédrales, je n'ai vu ni Bethsabée ni tous ceux qui ont été tués par ce roi. Même chose dans le judaïsme, où David nous est présenté comme le « roi » par excellence.

L. P. : Et là, vous expliquez que les royaumes de David et de Salomon n'ont pas existé, du moins tels qu'ils sont présentés dans la Bible...

I. F. : S'il n'y a pas lieu de douter de l'existence historique de David et de Salomon, il y a de fort bonnes raisons de remettre en question l'étendue et la splendeur de leurs royaumes tels que le récit biblique nous les présente. David et Salomon étaient les potentats ou, si vous préférez, les roitelets d'une toute petite cité-Etat, Jérusalem. Une ville alors assez insignifiante. En fait, la Jérusalem du Xe siècle avant notre ère est tout au plus un village typique des hautes terres. En matière de démographie, et selon les calculs de population qui s'appliquent à cette époque, on trouve 5 000 habitants éparpillés entre Jérusalem, Hébron et une vingtaine de villages de Juda, sans compter quelques groupes épars de semi-nomades. Un pays largement rural, donc, et qui n'a laissé aucune trace de documents, d'inscriptions, aucun signe de l'alphabétisation minimale qu'aurait nécessitée le fonctionnement d'une monarchie digne de ce nom. Dans l'Egypte de Ramsès H, au XIIIe siècle av. J.-C., l'époque supposée de l'Exode, eh bien nous n'avons pas une seule inscription monumentale sur les murs des temples, pas une seule inscription funéraire, pas un seul papyrus qui atteste la présence d'Israélites. Pas non plus de vestiges archéologiques dans le Sinaï d'une quelconque errance de quarante ans des Hébreux dirigés par Moïse.

L. P. : Et la conquête de la Terre promise par josué ? Et l'installation des Israélites en pays de Canaan ? Cela non plus n'a pas existé ?

I. F. : Le livre de Josué, qui retrace la conquête de Canaan (la Terre promise), nous décrit une campagne militaire éclair au cours de laquelle les tribus Israélites défirent sur le champ de bataille les puissants rois de Canaan et héritèrent de leurs territoires. Un texte épique et qui compte certains des épisodes les plus saisissants, comme la chute des murailles de Jéricho ou le soleil dont la course s'arrête à Gabaon. Mais les [size=12]fouilles nous fournissent les preuves flagrantes de l'importance de la présence égyptienne dans tout le pays de Canaan durant le XUle siècle av. J.-C. On imagine mal les garnisons égyptiennes chargées de la sécurité de Canaan se tourner les pouces pendant qu'une horde de réfugiés, de surcroît échappés d'Egypte, répand la terreur à travers toute la province. Les cités cananéennes de l'époque n'étaient pas les villes qu'elles deviendront plus tard. En fait, la cité typique consistait alors en un palais, un temple et quelques édifices publics : le tout sans murs d'enceinte, sans fortifications. Aucune muraille ne peut donc s'écrouler. Ce qui remet en question la véracité du récit concernant Jéricho. L. P. : Et l'installation des Hébreux ? I. F. : Sur ce point également, les témoignages archéologiques sont sans équivoque. Les Israélites sont des autochtones. Autrement dit. c'est un processus interne à la société cananéenne qui a permis l'émergence des Israélites. Mais, bien sûr. il s'agit d'un processus fait de hauts et de bas, sur un long terme, et qui regroupe plusieurs vagues d'occupations des hautes terres, suivies de récessions. Ce qui ne veut pas dire qu'une dizaine, une vingtaine et même 200 personnes venues d'Egypte (ou de toute autre région, d'ailleurs) ne se sont pas ajoutées au noyau central formé de gens du cru. Ce qui ne signifie pas non plus que tous les Israélites venaient d'une société sédentaire. Au contraire, je pense même que la plupart étaient, à l'origine, des nomades.

L. P. : Et, d'après vous, c'est ce décalage, ces contradictions même entre l'histoire archéologique et l'histoire biblique qui imposent une datation tardive de la rédaction de l'Ancien Testament ?

I. F. : Pas seulement. La recherche biblique a démontré que le récit de l'histoire d'Israël a été rédigé au plus tôt[size=12]à la fin de la période monarchique. Il apparaît très probable que le texte biblique a été conçu autour de la fin du VIIe siècle av. J.-C., sous le roi Josias. Rédigé par des lettrés de la cour de Jérusalem, il a avant tout des objectifs théologiques et politiques. Au plan religieux, c'est une première cristallisation de l'idée de monothéisme avec, pour les Israélites, l'obligation de croire en un dieu unique, dans un lieu unique, le temple de Jérusalem, dans une seule capitale, Jérusalem, sous un seul roi qui est descendant de la dynastie de David. Au plan politique, c'est aussi à ce moment-là, entre 630 et 609 av. J.-C., que le petit royaume de Juda va se constituer en grande nation en tentant d'étendre son pouvoir sur l'ancien royaume du Nord, celui d'Israël (qui, à cette époque, n'existe déjà plus), et face au puissant empire égyptien qui le menace.

L. P. : Vous voulez dire que la Bible serait quasiment un texte de propagande ?

I. F. : A l'époque de sa rédaction, la Bible constitue la première tentative d'écriture de l'histoire d'un peuple, quels qu'en aient été les motifs. Dans les grands empires assyrien ou babylonien, vous trouvez seulement des annales royales du style « moi le roi X, j'ai conquis tel pays et telle ville. J'ai construit ceci. J'ai reçu tel ou tel tribut, etc. ». Au-delà du message théologique de l'Ancien Testament - la mise en ordre des relations entre Dieu et son peuple -, il y a un aspect concret qui expose les buts, les besoins et les objectifs de la lignée royale. Si on prend comme exemple le livre de Jo-sué, il est certain qu'il illustre les soucis les plus profonds et les plus pressants du VIIe siècle av. J.-C. Dans ce contexte, la Bible pourrait être considérée comme un document de propagande, même si je me refuse à utiliser ce terme et que je pense que ce n'en était pas le seul but.

L. P. : Comment le petit royaume de judo, dont vous dites qu'il s'agissait d'une entité marginale, périphérique, provinciale, a-t-il pu donner naissance à un tel texte ?

I. F. : C'est ce qu'il y a de plus intéressant dans toute cette histoire. Alors qu'à la même époque vous avez les empires assyrien, babylonien, égyptien, aux civilisations si raffinées, c'est dans un royaume sans aucune puissance économique, militaire et d'une grande pauvreté culturelle - pas d'architecture monumentale ou autre ; pas d'art décoratif grandiose ; pas même un mur droit -qu'on assiste à un souffle créateur incroyable qui va donner naissance à cette saga puissante. C'est une leçon extraordinaire concernant les ressorts et les mystères de la créativité. Car, qu'on ne se méprenne pas, je respecte la dignité, la complexité, la profondeur et l'existence propre d'un texte qui est l'expression unique de thèmes éternels et fondamentaux.
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J-P Mouvaux
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J-P Mouvaux


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MessageSujet: Re: La Bible à l'épreuve de l'archéologie   La Bible à l'épreuve de l'archéologie EmptyJeu 28 Juin - 0:35

Très intéressant.

Mais il y a eu des contradicteurs à la thèse de Finkelstein selon laquelle "la Bible" a été mise en forme au temps du roi Josias.

Car il y a eu ensuite, l'exil à Babylone, où les élites judéennes ont été au contact de la culture mésopotamienne, et perse.

Le "Pentateuque", si je ne me trompe, serait de la "période perse", non pas VIIe siècle, mais VIe. Les premiers livres de la Bible seraient les plus récents.

A part ça, la lecture de "la Bible dévoilée" a été pour moi une "révélation", une "révolution", en tous cas, dans ma façon d'aborder cette extraordinaire littérature biblique.

Et de cet interview d'Israël Finkelstein, je retiens en particulier la fin :

Code:
L. P. : Comment le petit royaume de judo, dont vous dites qu'il s'agissait d'une entité marginale, périphérique, provinciale, a-t-il pu donner naissance à un tel texte ?

I. F. : C'est ce qu'il y a de plus intéressant dans toute cette histoire. Alors qu'à la même époque vous avez les empires assyrien, babylonien, égyptien, aux civilisations si raffinées, c'est dans un royaume sans aucune puissance économique, militaire et d'une grande pauvreté culturelle - pas d'architecture monumentale ou autre ; pas d'art décoratif grandiose ; pas même un mur droit -qu'on assiste à un souffle créateur incroyable qui va donner naissance à cette saga puissante. C'est une leçon extraordinaire concernant les ressorts et les mystères de la créativité. Car, qu'on ne se méprenne pas, je respecte la dignité, la complexité, la profondeur et l'existence propre d'un texte qui est l'expression unique de thèmes éternels et fondamentaux
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