Tout au long du temps de Pâques qui a duré 50 jours, nous avons fêté le Christ ressuscité, vainqueur de la mort et du péché. Le jour de l'Ascension, il s'est manifesté à ses apôtres une dernière fois, puis il a disparu à leur regard. Sous l'impulsion de l'Esprit Saint, c'est le temps de l'Eglise qui commence. Les disciples sont partis en mission pour annoncer au monde les merveilles de Dieu.
Or voilà qu'en ce jour où nous fêtons saint Jean Baptiste, nous sommes renvoyés à la case départ : Tout recommence. Nous nous retrouvons dans le temps de l'attente et des préparations. C'est un peu comme si le Christ n'était pas encore venu. C'est vrai que, d'une certaine façon, nous en sommes tous un peu là. Qui peut dire que le Christ est vraiment entré dans sa vie ? En tout homme il y a une part de péché qui le ferme à Dieu et aux autres. Pour nous comme pour l'Eglise et pour notre humanité, le Christ est toujours à venir. Il ne demande qu'à entrer de plus en plus dans nos vies personnelles. Il voudrait tellement que notre monde soit imprégné de cet amour qui est en lui.
La mission de Jean Baptiste sera précisément d'annoncer "celui qui doit venir". Et si l'Eglise nous invite à célébrer sa naissance au même titre et au même rang que celle de Jésus, c'est que nous en sommes encore à l'heure où le Salut de Dieu surgit. C'est comme un germe fragile, presque imperceptible. Nous sommes dans le temps de l'Eglise. Toute cette période, que nous appelons "temps ordinaire" nous invite à cheminer dans l'attente et la préparation de la venue du Seigneur. Toute notre vie actuelle nous prépare à cette rencontre définitive avec Lui.
Dans les Evangiles, nous trouvons de nombreux passages qui nous présentent Jean Baptiste comme le "nouvel Elie", le prophète type. Jean Baptiste va récapituler en lui tous ceux qui, tout au long des siècles, ont annoncé la venue du Messie. Toutes les annonces des prophètes de l'Ancien Testament aboutissent à Jean Baptiste. Il a été celui qui a fait le lien entre la préparation et l'accomplissement de la nouvelle alliance. Il donne "un baptême de pénitence pour la conversion des péchés" car il est important de bien se disposer à accueillir celui qui vient sauver le monde.
Sa mission est de préparer la venue du Sauveur du monde. A ce sujet il y a une chose qu'il faut savoir : le nom de Jean vient de deux mots hébreux qui signifient "Dieu fait grâce." Dans l'Evangile, c'est comme une sorte de définition du programme et du contrat qu'il doit remplir. Le nom de Jean annonce que les temps nouveaux sont inaugurés où Dieu fait grâce à notre terre. Il a fait grâce à Zacharie et Elisabeth. Il fait grâce à notre monde et à chacun de nous. Voilà un message d'espérance qui nous remplit de joie.
Nous sommes tous envoyés pour annoncer cette bonne nouvelle et en être les témoins. Bien sûr cela ne sera possible que si nous acceptons de mettre toute notre vie en accord avec le message de l'Evangile. Si Dieu fait grâce, qui sommes-nous pour critiquer et condamner ? Il y a des paroles et des écrits qui peuvent faire mal et qui sont des contre témoignages pour ceux qui se disent disciples du Christ. N'oublions pas que la mesure que nous utilisons pour les autres servira aussi pour nous. Si nous voulons que Dieu nous fasse grâce, il nous faut entrer dans la logique de son amour.
A la suite de Jean Baptiste, nous sommes tous appelés à préparer le chemin du Seigneur dans nos vies, nos familles, nos associations et nos divers lieux de vie, de travail et de loisirs. Préparer le chemin du Seigneur, c'est enlever toutes les pierres qui font mal, aplanir les montagnes d'égoïsme, combler les fossés qui sont creusés par notre indifférence. Rappelons-nous la prédication de Jean Baptiste : Il invitait au partage, à la justice, au respect de l'autre. C'était une première étape car il fallait faire une place nette à Celui qui vient.
Le même appel vaut pour nous : Il ne s'agit pas d'accomplir des performances ni de faire des efforts épuisants. Ce qui nous est proposé c'est de dégager le terrain de nos soucis, de nos préoccupations, de nos indifférences et de nos égoïsmes pour accueillir le don gratuit de Dieu. Préparer le chemin du Seigneur c'est surtout adhérer au Christ et à son Evangile. Dans un monde où les ténèbres sont épaisses, il apporte la Lumière. Là où il y a de la haine et de l'injustice, il fait voir la croissance de l'amour.
Jean Baptiste invitait à la conversion. Son appel a dérangé beaucoup de gens. Aujourd'hui encore, beaucoup voudraient être du Christ sans être bousculés, sans rien changer dans leur vie. Une foi en Jésus qui ne dérange pas est une foi morte. Une religion qui n'interpelle pas est une religion décadente. Alors oui, soyons des signes de la présence de Jésus qui vient témoigner de l'Amour du Père. Soyons lumières pour aider les hommes de notre génération à discerner ce qui peut les aider dans leur marche vers le Christ. Nous sommes tous des pécheurs appelés à nous convertir. Notre mission à tous c'est de travailler chaque jour à la réussite du projet de Dieu qui veut le salut de tous les hommes.
D'après diverses sources
Jean Compazieu, prêtre de l'Aveyron ( 24/06/2007)