La Bible dans l'enfer
Le dictionnaire de Larousse s'exprime comme suit sur l'une des acceptions du mot enfer :
Endroit fermé d'une bibliothèque où l'on tient les livres dont on pense que la lecture est dangereuse. L'enfer de la Bibliothèque nationale. Les Feuillants, qui avaient une bibliothèque curieuse, avaient pour enfer un galetas où ils reléguaient tous les livres hérétiques tombés en leur possession.
À la Bibliothèque royale de Paris, il y avait un enfer où l'on reléguait les ouvrages saisis par l'autorité. L'enfer actuel de la Bibliothèque nationale est une armoire où l'on renferme les publications obscènes.
C'est évidemment dans l'Église romaine qu'est née cette acception du mot enfer. Mettre des livres dans l'enfer, c'était les traiter comme irrémissiblement condamnés. Toutes les bibliothèques ecclésiastiques avaient ainsi leur enfer, destiné aux livres condamnés par l'Index. Il y avait un enfer dans la bibliothèque des jésuites de Louvain. Jusqu'en 1821, il y eut à l'hôtel de ville de Mons un enfer où se trouvaient les ouvrages à l'index. L'enfer s'appelait aussi le secret. Il y avait même un notaire du secret (*).
(*) Voir A History of the Inquisition of Spain, by H.C LEA, volume II, p. 230.