Rappel du premier message :
Courants marginaux
Selon Luc, Jean le Baptiste entend la parole de Dieu à la manière des prophètes de l'Ancien Testament. Ni leader politique, ni chef d'une formation religieuse établie, il est l'un de ces acteurs qui ont marqué le milieu dans lequel Jésus a vécu et où sont nées les premières communautés chrétiennes. Ce n'est pas un isolé. Il fait partie d'un courant baptiste très vivace qui doit son nom à l'usage du rite du baptême comme signe de la conversion intérieure. Ce mouvement est connu pour son ascétisme et, à des degrés divers, pour son refus des sacrifices et son opposition au Temple. Le discours d'Etienne est proche de ces positions (Actes 7). Selon l'évangile de Jean, les premiers disciples de Jésus viennent de l'entourage de Jean le Baptiste.
Les baptistes ne sont pas les seuls à vivre en marge de la société juive. Rompant avec le sacerdoce et le culte du Temple de Jérusalem les Esséniens s'étaient retirés au désert pour y former une sainte communauté sacerdotale, la communauté de la Nouvelle Alliance. Les manuscrits découverts au désert de Juda en 1947 ont révélé les ressorts profonds de cette congrégation religieuse: les Écritures qu'elle privilégie, les interprétations qu'elle en donne, son idéal communautaire, sa piété ; mais aussi son intransigeance, son sectarisme, sa discrimination tranchée entre les bons et les méchants, entre les « Fils de Lumière » et les « Fils des ténèbres ». Si pour certains historiens le christianisme est un essénisme qui a réussi, il n'en faut pas moins reconnaître que l'esprit de l'Évangile est bien différent.
Mouvements politico-religieux
Le Nouveau Testament nous fait connaître d'autres courants du monde juif. Pharisiens et Sadducéens y sont bien représentés ; les Hérodiens sont mentionnés ; on peut déceler quelques allusions aux Zélotes. La vie religieuse juive offrait ainsi des options très diversifiées avec des implications politiques plus ou moins déterminantes.
Le Nouveau Testament n'élabore pas une thèse sur chacun de ces mouvements, il en parle d'un point de vue engagé. Pour dialoguer avec eux, il faudrait avoir accès à leurs ouvrages; malheureusement, hormis le cas des Pharisiens, il n'en reste que des bribes. Faire justice à leurs démarches, c'est se rendre capable de mieux percevoir les choix de Jésus et des premiers chrétiens.
Implantation géographique et conditions sociales
Ces différents courants religieux ont leur implantation géographique en marge de la société (baptistes, esséniens), plus localisés à |Jérusalem, autour du Temple (sadducéens), mieux représentés en Galilée (hérodiens, zélotes) ; ou, au contraire, répandus sur l'ensemble du territoire (pharisiens).
Les Samaritains, habitants de la province de Samarie, ont leur Pentateuque, leur lieu de culte au mont Garizim, leur Pâque... Les juifs considèrent ces frères séparés comme des païens et n'entretiennent pas de relation avec eux (Jean 4, 9). C'est un cloisonnement que le christianisme naissant n'a pas accepté. Luc et Jean y mentionnent une activité missionnaire importante, fondée sur la pratique de Jésus.
Il y a tous les laissés pour compte, étrangers aux différents mouvements et parfois méprisés par eux : le peuple inorganisé des pauvres, des malades, des exclus, ceux qui sont étiquetés pécheurs comme les collecteurs d'impôts, les femmes dont la conduite défraie la chronique... L'insurrection qui monte crée un climat d’insécurité. Les conditions socio-économiques ne sont pas favorables. Le double appareil d'État, romain et juif, entraîne une politique fiscale très lourde, la fiscalité pouvant aller jusqu'à prélever la moitié des ressources. Le chômage aggrave encore la situation des pauvres: à Jérusalem, la fin des travaux du Temple a supprimé bien des emplois; dans la campagne, des ouvriers attendent pour être embauchés à la journée pour un denier. Aussi bien dans l'agriculture que dans le commerce et l'artisanat, il n'y a pas de classe intermédiaire entre les riches et les pauvres. La prédication de Jésus allait rencontrer un écho favorable dans ce monde des pauvres, troupeau sans berger.
Les juifs sont très nombreux hors de Palestine. Ils représentent sans doute, le dixième de la population de l’empire. Leurs colonies sont établies partout ; on en trouve à Rome même. Leur position influente jugée dangereuse et, à Alexandrie, on essaie d’y remédier. La culture juive se développe à partir de quelques centres rayonnants : en Babylonie, des maîtres font progresser l'interprétation de l'Écriture ; pour les besoins de leur prière et de leur culte et pour diffuser leurs idées, les Juifs d'Alexandrie ont depuis trois siècles traduit la Bible en grec. Les chrétiens adopteront largement cette Bible grecque. Hors de Palestine, il y a sans doute une autre approche des problèmes culturels, encore qu'il ne faille pas durcir les oppositions: Jérusalem compte des synagogues où l’on parle grec (Actes 6, 9) et on y accueille des maîtres qui viennent de Babylonie pour enseigner.
Source : Le Nouveau testament (Traduction officielle pour la liturgie)
Les Editeurs du Rameau
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Excusez mon excès de spontanéité qui me fait parfois écrire plus vite que je ne réfléchie, on m'a souvent reproché mon trop plein de franchise qui me porte tort souvent. Je ne sais pas toujours préserver la susceptibilité des personnes à qui je parle. J'en demande pardon